Passé et avenir du Théâtre Cervantes Il y a trois semaines, nous avons su que les autorités espagnoles et marocaines ont accordé la cession du “Gran Teatro Cervantes” de Tanger. Il y a eu de nombreuses réactions dès deux côtés du détroit, mais cela serait une erreur de simplifier aussi bien la convention que le processus (dilaté dans le temps) qui a permis de déverrouiller une situation dont le principal affecté a été le bâtiment lui-même. Culture, patrimoine, planification, investissement, gestion... il s’agit des mots qui apparaissent rarement associés dans les politiques développées par les deux pays, ce qui entraîne un gaspillage d'argent public, capable d’aggraver une crise comme celle que nous avons en Espagne. Souvent, nous avons l’habitude de donner notre avis sur des questions liées au pays voisin sans vraiment connaître sa réalité. Je vais essayer de donner mon point de vue sur certains aspects que je considère fondamentaux, pour mieux comprendre ce qui s’est passé et aussi pour éviter que les responsables de Tanger ne commettent pas les mêmes erreurs que nous, les espagnols, nous avons commis avec notre patrimoine et nos équipements culturels. |
Oublie et Culture En octobre de 2003, le Consul Général d'Espagne à Tanger, m'a demandé de venir à Tanger afin de visiter le théâtre et ainsi lui donner mon avis sur l'état de l'immeuble. Il voulait savoir mon opinion sur la faisabilité technique et économique d’une possible intervention architecturale, puisque Madrid voulait un rapport autour de la pertinence et la nécessité de réhabiliter le bâtiment. Il faut rappeler qu’en 2003, bien avant la crisis actuelle, un possible investissement de la part de l’état espagnol n’était pas le principal obstacle pour réaliser des travaux et rendre utile un bâtiment abandoné pendant des décennies, il y avait une volonté politique d'intervenir, Madrid avait même un projet de restauration confié à l'architecte Javier Vellés. Au consul, ce qui l'inquiétait le plus, était la viabilité économique de son exploitation future, parce que le gouvernement espagnol était prêt à financer les travaux, mais il ne voulait pas l’exploiter. Pendant des années, des efforts ont été faits pour engager les autorités marocaines dans sa gestion, mais cela, apparemment, n'a jamais marché, car, selon eux, ils n’ont pas la capacité budgétaire pour le gérer. Les autorités espagnoles ont précisé qu’avec l'absence de gestion locale il n’y aurait pas de restauration du théâtre. Alors que les négociations se déroulaient, l'abandon du bâtiment accélérait sa dégradation, raison pour laquelle ils ont dû exécuter certains travaux d'urgence pour assurer la stabilité de la structure et éviter l'effondrement. Depuis plus de 10 ans, des nombreuses associations marocaines et espagnoles ont demandé une concession administrative mais une fois le théâtre restauré. Également, des nombreux articles ont apparu dans la presse, en revendiquant la valeur d’un patrimoine à la fois espagnol et marocain, le sujet est même devenu un reflet des relations politiques entre les deux pays. Or, si vraiment il y avait autant d'intérêt de la part des autorités et de la société civile, pourquoi ils n’ont jamais arrivé à parvenir à un accord? |
Investissement et Culture Il y a eu beaucoup de facteurs qui ont empêché une intervention qui aurait dû être faite il y a des années et on ne peut pas blâmer seulement un des gouvernements. D'abord, on ne peut pas juger une attitude à l'insu de l'autre partie. Au Maroc, en particulier dans le nord, l'administration espagnole, par le biais de divers organismes nationaux et régionaux, a investi une énorme quantité d'argent et les autorités marocaines se sont habituées à ne pas investir dans des projets culturels ou sociaux parce qu’il y avait déjà quelqu’un qui le faisait (les espagnoles, les français...). Dans de nombreux cas les espagnols croyaient qu'ils aidaient au développement de ces régions (peut-être ils avaient raison il y a 15 ans), sans comprendre que le problème n’était pas économique, mais des priorités de la part des autorités marocaines. Ils ont de l’argent quand ils veulent, tel que le prouve la construction d'un complexe culturel annoncée il y a deux ans, le Palais des Arts et de la Culture (http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=1708715), sur la promenade, avec une salle de théâtre pour 1.500 spectateurs. Deuxièmement, le Ministère de la Culture (http://www.minculture.gov.ma/fr/) à Rabat n’a pas une grande influence sur les décisions du gouvernement (comme la plus part de ministères de la culture). Par ailleurs, les politiques culturelles du Maroc montrent une grande disparité entre les dépenses sur des événements majeurs et sur des petites initiatives. Et si cela ne suffit pas, il y a une dispersion des compétences avec la création des agences en dehors du ministère, qui contrôlent des institutions culturelles, comme la Fondation Nationale des Musées (http://www.fnm.ma/accueil/). Ce qui est commun aux deux pays, est la considération de la culture comme une dépense plutôt qu'un investissement, un aspect clé à l’heure de comprendre pourquoi dans les priorités du Royaume du Maroc on ne trouve pas ni la récupération, ni l'entretien d’un théâtre. Avant 2006 l’effort aurait été possible du côté espagnol, mais après, lorsque la crise économique battait son plein, il était impensable (et encore) que l’état espagnol ait investi dans un vieux bâtiment dans une ville marocaine. Le temps a montré que si le théâtre n’a pas été sauvé, ce n’était pas à cause de l’argent, c’était tout simplement une manque d’intérêt (et d’accord) de la part du Maroc et de l’Espagne pendant très longtemps. |
Planification et Culture L'ignorance de la réalité culturelle marocaine peut être un obstacle quand les fonctionnaires espagnols doivent prendre des décisions. En 2003 l'argent n’était pas le principal problème pour récupérer le théâtre, sinon sa gestion culturelle. Sans une augmentation budgétaire des frais de fonctionnement de l'Institut Cervantes de Tanger, il était impossible, pour eux, de prendre en charge l’exploitation du théâtre. Je pense qu’il y a eu d'autres solutions qui n’ont jamais été explorées. À mon avis, la première erreur a été de considérer la restauration et non pas la réhabilitation du bâtiment. Un projet pour restaurer le théâtre à son état original, diminuerait les capacités de l'équipement de devenir une infrastructure rentable. Un projet de ré-habilitation permettrait la réalisation des activités très diverses, non seulement celles d'un théâtre, et par conséquence une utilisation presque constante, plutôt que sporadique. Mais pour rentabiliser les espaces, il serait nécessaire de bien réfléchir les possibilités architecturales, fonctionnelles et économiques du théâtre de sorte qu'il puisse accueillir des pièces de théâtre, des concerts, des conférences, des expositions, des ateliers, des repas… Bref, il serait impérative de faire un projet de réhabilitation architecturale et un projet de gestion culturelle au même temps. Dans ce sens, une proposition de l'École d'Architecture de Tétouan a été faite pour réaliser ces études avec une approche multidisciplinaire et composée par une équipe technique espagnole et marocaine. Nous étions convaincus que les activités culturelles réalisées par les différents instituts de culture qui travaillent sur Tanger, aurait été suffisant pour rentabiliser sa gestion, mais on n'a jamais eu une réponse de l'Ambassade d'Espagne à Rabat. |
Diplomatie et Culture La culture, bien utilisée, peut être un instrument diplomatique de premier ordre, mais cela nécessite une connaissance approfondie du pays et de sa culture, aspect qui n’est pas toujours donné dans la diplomatie espagnole, en particulier au Maroc. En dépit d'être l'un des pays du monde avec la plus grande préséance d’instituts Cervantes, six, certains politiciens pensent que le simple fait d’y être, c’est déjà suffisant. Si l'on ajoute également que depuis quelque temps la stratégie du Cervantes est davantage axé sur l'enseignement de l’espagnol, comme si de simples académies de langue étrangère s’agissaient, au lieu d’aborder la diffusion de la culture en espagnol et sa symbiose avec la culture locale, nous comprendrons les difficultés d'exercer une diplomatie efficace basée sur la culture. Parfois, les diplomates en poste dans les consulats, dans l’ambassade et dans les instituts Cervantes ont une vaste connaissance du pays, mais malheureusement, ils sont de plus en plus rares, en provoquant des dégâts incalculables sur les relations bilatérales. Le méconnaissance du pays peut conduire à de mauvaises décisions, et la récupération du Théâtre Cervantes est un exemple. En 2013, j’ai été invité par la Cinémathèque de Tanger à une réunion régionale de l'Observatoire du Patrimoine Moderne (http://www.modernheritageobservatory.org/), un programme européen qui réunit des institutions culturelles arabes du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, en se concentrant sur la protection du patrimoine musical, architectural, photographique et cinématographique. Après avoir appris ma participation à ce forum, le Consul Général d'Espagne à Tanger (à l'époque) m'a demandé d'exprimer la position du gouvernement espagnol en ce qui concerne le théâtre. Selon lui, il ne valait pas la peine de réhabiliter le bâtiment, car à Tanger la grande majorité de la population n'a aucun intérêt pour la culture, tandis qu’à Rabat et Casablanca, grâce à la présence de diplomates, il y avait une forte demande des activités culturelles. Quand je lui ai parlé sur le succès des Abattoirs de Casablanca en 2009, il m’a répété que l’on peut pas comparer Tanger et Casablanca et il a insisté sur la présence de une forte population étrangère comme un facteur déterminant pour que une activité culturelle réussisse au Maroc. Ce que monsieur le consul ne savait pas, c’était que les Abattoirs était une initiative de différents groupes culturels de Casablanca pour empêcher la démolition du complexe, en créant “La Fabrique Culturelle des Anciens Abattoirs de Casablanca" (http://www.casamemoire.org/Rapports/RAPPORT_ABATTOIRS_2009.pdf), son succès, dont j’ai été témoin, était due à la présence de nombreux jeunes, en particulier du quartier Mohammadi, qui ne se caractérise pas. précisément, par une forte concentration des diplomates ou des étrangères. Les Abattoirs a été une démonstration de l'absence d’infrastructures culturelles au Maroc et si les gens ne demandent pas de culture, c’est parce qu'il n'y a pas des espaces à cet effet. Si la population de Tanger ne va pas au théâtre, ne sera-t-il pas parce qu'il n'y a pas de théâtre? (Le seul espace qui peut accueillir une pièce de théâtre est la Salle Beckett de l'Institut Français, avec une capacité de 170 personnes). |
Patrimoine et Culture Malgré les investissements dans les nouvelles installations culturelles, il semble comme si le patrimoine architectural à usage culturel bâti entre 1910 et 1956, était inexistant ou sans importance, en générant une série de conflits urbains, économiques, sociaux et culturels que les institutions publiques refusent d’aborder et de solutionner. Il est vrai que la plupart des cas sont complexes parce qu’il s’agit de propriétés privées (nationales ou étrangères), mais le fait demeure qu’ils sont en train de disparaître et avec eux la mémoire d'un pays. Le Grand Théâtre Cervantes de Tanger est juste un exemple, mais il ne faut pas oublier les théâtres de Tétouan comme l’Espagnol, le Monumental, le National et le Victoria, véritables joyaux de l'architecture marocaine et espagnole, qui sont en danger et qu’ils sont sur le point d'être démolis à cause (entre d’autres raisons) de la passivité des autorités. Et si ils ne sont pas déjà disparus c’est grâce à la pression exercée par des associations ou des institutions comme l'Ordre des Architectes et l'École Nationale d'Architecture de Tétouan, qui comme Casamémoire à Casablanca (http://www.casamemoire.org/ ), se battent pour la protection du patrimoine architectural dans le pays. |
Culture au Maroc Le développement économique du Maroc pendant les 15 dernières années a permis un investissement dans des installations culturelles avec des projets phares qui deviennent une vitrine pour montrer la régénération et la modernisation des grandes villes. Parfois les projets ont un caractère de propagande politique, bien que parfois ils répondent à une demande de la part de la population, ou bien des touristes (nationaux et étrangers), ou bien des agents culturels qui ont été en mesure de montrer l'importance et la pertinence que certains arts ont obtenu au delà des frontières. Le meilleur exemple est l'art contemporain, qui a une longue tradition mais qui n’a pas été reconnu officiellement, en dépit de nombreux artistes marocains qui participent constamment à des expositions et des biennales dans le monde entier, et aussi en dépit du travail accompli par les centres culturels indépendants. Compte tenu de cette preuve, ils ont décidé de créer le Musée Mohamed VI d'Art Moderne et Contemporain de Rabat (http://www.museemohammed6.ma/), qui a ouvert ces portes il y a un an. Ce musée est aussi un signe de l'absence d'une stratégie culturelle, non pas sur l'investissement économique pour la construction de bâtiments, mais sur la gestion ultérieure de ces espaces. Les débuts du musée ont été déjà controversés parce que le concours d'architecture a été remporté par Rachid Andaloussi, mais le Ministère de la Culture a jugé, de manière rétrospective avec le chantier déjà initié, que le projet était trop contemporain et qu’il devrait répondre à une image plus traditionnelle. Face au refus de l'architecte de modifier le projet initial, le ministère a décidé de changer d’architecte pour mener tous les changements indiqués. Mais les problèmes n’étaient pas seulement d’ordre architectural, le pire était l'absence totale d’un programme de gestion. Initialement ils ont pensée à un musée d'art moderne et quand les travaux ont été achevés, les autorités ont finalement admis que l'art contemporain était aussi important que le moderne, alors ils ont dû trouver une solution pour accueillir deux expositions permanentes, pour cela la collection d'art contemporain a été placée dans le garage de l'immeuble. Le résultat est un bâtiment avec de nombreux problèmes fonctionnels pour ne pas avoir pensé avant les besoins architecturaux et culturels. Actuellement, après une année de vie, le musée n’a toujours pas un projet culturel (http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/06/19/les-debuts-rates-du-musee-d-art-contemporain-de-rabat_4657910_3212.html). C’est vraiment dommage parce que dans le milieu de l’art il avait beaucoup des attentes, et il y a toujours l’espoir pour que ce musée devienne un moteur pour la promotion des jeunes artistes, mais pour l’instant, ce rôle et cette responsabilité restera sur les résidences d'artistes et les centres culturels indépendants qui ont apparus au cours des ces dernières années sur tout le pays (https://www.facebook.com/notes/carlos-perez-marin/cultura-contempor%C3%A1nea-en-marruecos/10153982476180329?pnref=lhc ). Sommes-nous face à un problème de manque de ressources financières et de ressources humaines en ce qui concerne les espaces culturels? Non, nous sommes dans une période avec beaucoup de précipitation de la part des politiciens pour exécuter de nombreux investissements sans y réfléchir. Nous sommes aussi face à un moment de changement générationnel, où certaines personnes essaient de montrer aux politiciens qu’ils sont les seuls experts dans la matière, en empêchant l'accès à des postes de responsabilité à toute une jeune génération, beaucoup mieux préparée et désireuse de faire beaucoup plus de choses (des contats que j'ai expérimenté en travaillant avec les universités à Tétouan, Casablanca et Rabat), tel que Nawal Slaoui a dénoncé publiquement (http://www.h24info.ma/maroc/culture/marche-de-lart-au-maroc-la-galeriste-nawal-slaoui-demonte-mehdi-qotbi/33635). De retour au Théâtre Cervantes, ce qui a pu être le principal inconvénient pour ne pas avoir récupéré le bâtiment bien avant, a été l'incapacité des deux gouvernements de penser un plan d'action culturelle pour le théâtre. Pour cela, ils doivent changer leurs mentalités et de ne plus considérer les budgets de la culture comme une dépense mais comme un investissement. Voici quelques projets en cours de réalisation et qui changeront le panorama culturel au Maroc. Il s’agit des investissements publics et privés: Grand Théâtre de Rabat, architecte Zaha Hadid. http://www.zaha-hadid.com/architecture/grand-theatre-de-rabat/ http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=927260&page=13 Grand Théâtre de Casablanca, architecte Christian de Portzamparc. https://www.youtube.com/watch?v=J4k_pzDcwsQ http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=903954&page=16 Musée de la Photographie et des Arts Visuels de Marrakech, architecte David Chipperfield. http://mmpva.org/ http://mmpva.org/assets/pdfs/mmp+_book-1st_edition.pdf Musée d'Art Africain Contemporain de Marrakech, architectes Nieto et Sobejano. http://www.fondationalliances.org/culture/musee http://www.nietosobejano.com/project.aspx?i=37&t=AL_MAADEN_ART_MUSEUM |
L'avenir du Théâtre Cervantes Qu'est-ce que l'on devrait faire maintenant? Il faudrait, d’abord, faire une étude pour déterminer les conditions de l’immeuble, ses pathologies et ses risques, étude qui sera très utile pour déterminer une estimation dû coût des travaux. Puisque dans les administrations il n’y a pas du personnel capable de réaliser un cahier de charge basé sur la gestion future de l'immeuble, il serait préférable d'organiser un concours qui comporte un projet d’architecture (qui prévoie la ré-habilitation et non pas seulement la restauration), ainsi qu’un projet culturel, avec une programmation, au moins, de 5 ans. Le concours permettra de choisir l'option qui mieux s’adapte au bâtiment existant et aussi à la réalité socio-économique et culturelle d'une ville en mutation comme Tanger. De plus, les politiciens saurant à l’avance le montant nécessaire pour la réhabilitation et pour le fonctionnement du nouveau centre culturel. Il serait essentiel que les jeunes aient l'occasion de faire leurs propositions, à la fois architecturale et culturelle, parce que si quelque chose caractérise la nouvelle génération est le talent, l'énergie et l'enthousiasme pour revendiquer la culture de leur pays. |
Théâtre Cervantes, temoin de l'histoire Pendant le centenaire du théâtre j’ai proposé d'imaginer un dialogue entre deux des sculptures de la façade, des sculptures qui sont là depuis plus d'un siècle, qui ont été témoin des événements historiques et pourtant ont beaucoup d'histoires à raconter. Sur la page Facebook de l'École Nationale d'Architecture de Tétouan (https://www.facebook.com/enatetouan) des gens ont écrit quelques conversations reproduites à continuation. |
Carlos Perez Marin
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Mamen Carrera
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Rumeur Sans Voix
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Juan Manuel de las Peñsa Bataller
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Taoufiq Aiouch Putain, depuis combien de temps que j 'demande qu'on me gratte le dos!!! |
Toutes les images et les textes sont propriétées de l'auteur de cet article Carlos Perez Marin, architecte, professeur associé à l'École Nationale d'Architecture de Tétouan entre 2010 et 2013, et fondateur de Marsad Drâa qui développe des projets culturels et scientifiques dans le sud du Maroc. carlosperezmarin@gmail.com https://www.facebook.com/carlosperezmarin https://www.facebook.com/marsaddraa https://twitter.com/cperezmarin |